Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Rencontres en Amérique du Sud
Rencontres en Amérique du Sud
Publicité
Rencontres en Amérique du Sud
Derniers commentaires
30 janvier 2007

La señalada à Cusi Cusi

Samedi dernier était un jour particulier pour les éleveurs de Cusi Cusi appartenant à la coopérative Acopios de Andina, où travaille Hugo (notre maître de stage). En effet une fois par an, ils regroupent les lamas de la coopérative (soit une centaine de bêtes) pour les marquer. Mais de façon traditionnelle.

vue_d_ensemble

Les pâturages du troupeau se situent à une trentaine de km du village (soit 2h30 de chemin, quand l’amortisseur de la voiture ne cède pas, sinon 3h30…), à quelques 4400 mètres d’altitude.
Au milieu de rien, ou plutôt d’un paysage magnifique, impressionnant à tel point qu’on se sent tout tout petit, vit le berger de la coopérative, bolivien, grand solitaire, qui veille sur le troupeau durant l’année.
Les lamas sont rassemblés dans un corral fait de pierres. Au milieu du carré un petit hôtel de pierre, sur les bords les éleveurs et nous, attendant le début de la señalada.

rituelPuis un homme fait le tour du corral donnant à chacun de nous une poignée de feuille de coca à mastiquer. Le rituel continue.

Elle débute par un rituel de remerciement à la pachamama (la terre-mère), afin d’apporter santé et chance au troupeau pour l’année. Deux femmes d’un certain âge se présentent, l’une portant un petit fardeau d’herbes spéciales, déjà fumant, qu’elle dépose sur l’hôtel après avoir fait le tour du corral. L’autre, attisant les branches fumantes, entame quelques paroles que nous ne comprenons pas, quelques prières anciennes, exprimées en quechua (leur langue ancestrale).

Avant de commencer le travail de marquage des lamas, nous remercions une fois encore la pachamama en versant une partie de notre verre de vin par terre, rituel qui aura cours tout au long du marquage. Nous partageons ce moment avec la terre-mère. La señalada peut enfin commencer !

Cette cérémonie consiste à marquer les lamas de plusieurs façons, à l’aide de fils de laine colorés : des «fleurs» pour chacune des oreilles, des bouts de laine attachés au cou ou au dos selon le sexe de l’animal.
Les éleveurs coupent également un bout de l’oreille pour former un trou : c’est le « señal ».
La première étape est d’attraper les lamas. Et c’est assez sportif !
Le point faible de ces bêtes : les oreilles. Si on arrive à en prendre une en main, l’affaire est jouée, le lama est soumis (en général…).

Là entre en jeux les femmes ; l’une entre elles enlève les anciennes « flores » des oreilles et en coût de nouvelles, plus belles, pendant qu’une autre attache trois bouts de laine au dos des femelles ou deux au cou des mâles.

senalada

lamaLes mâles sont également parés d’un « collier de laine » au cou. Si aucune des oreilles n’est percée, elles appellent un homme qui, au couteau, coupe un bout d’oreille, sous les cris du lama.

Si cet évènement peu paraître cruel, la señalada est très importante pour les éleveurs.

Elle reste une tradition, que leurs parents et grands-parents pratiquaient déjà. Ils sont fiers de posséder de beaux lamas parés de couleurs vives.
En plus, c’est un moyen de faire l’état des lieux du troupeau : cela leur permet de savoir le nombre de lamas nés cette année, le nombre de mâles et de femelles, s’ils sont en bonne santé.

C’est également l’occasion de sélectionner les mâles reproducteurs en castrant les mauvais reproducteurs (d’ailleurs, c’est assez violent…)
Les fleurs leurs permettent de différencier les troupeaux des différents éleveurs lorsqu’ils sont libres dans la puna.
Enfin la señalada permet de différencier visuellement les mâles des femelles.

portrait

Le marquage a duré toute l’après-midi, agrémenté de prise de coca, de verre destiné à la pachamama.

Une fois le troupeau relâché, les éleveurs regroupent les anciennes fleurs, les bouts d’oreilles, puis les enterrent avec quelques feuilles de coca au pied de l’hôtel, après avoir versé leur verre dessus, comme dernier partage avec la pachamama. Tout le monde quitte alors le corral, content et rêveur (en tout cas nous).
En fin de journée, un asado (barbecue) de lama nous attendait au refuge.


Une journée magique, des traditions préservées, un doux rêve bien réel, un partage simple entre les humains, les animaux, la nature, intensément présente en cet endroit, loin de toute l’agitation des villes et de l’occident.

Publicité
Publicité
Commentaires
J
Pourquoi une tradition imbécile, idiote, cruelle qui consiste à faire souffir des animaux, en l'occurence, des lamas, mérite-elle un commentaire aussi pauvre, sans avis, sans aucune désapprobation. Avons nous affaire à des gens civilisés ou à des sauvages. "On reconnait le degré de civilisation d'un peuple à la manière dont il traite ses animaux" Ghandi.<br /> "la cruauté envers les bètes est la violation d'un devoir de l'homme envers lui-même"Kant.<br /> Des phrases comme "ce peut paraître cruel" ou "on peut comprendre car traditions".<br /> Arrétez d'inonder le net avec des articles insipides sur les rites de la torture, de la cruauté, et de l'imbécilité et une fois pour toutes faites fonctionner votre cerveau et réalisez enfin (nous sommes au 21 éme siècle) que TRADITION N'EST PAS RAISON.
C
aucun lama n'a crache a la figure de personne! mais si on l'embete vraiment, il est vrai qu'il peut cracher, et apparemment ca sent pas tres bon...
E
Au fait y a t'il enfin un lama qui vous a craché à la figure?? Ou bien le capitaine Haddock ne disait que des bêtises?? Légende ou réalité leur sale caractère?
A
Très beau cet article; il fait bien 'passer' les sentiments, impressions ressenties...avec les gens du coin, dans les super paysages de la puna. ça donne très envie d'être là-bas!
Publicité