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Rencontres en Amérique du Sud
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Rencontres en Amérique du Sud
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23 février 2007

Potosi et sa mine

Nous voilà à Potosi depuis quelques jours le temps de prendre contact avec le groupe de femme artisanes avec lequel nous allons travailler sur un petit reportage.

potosi

Potosi est connue pour être la ville la plus haute du monde (elle est située à 4090 mètres d’altitude) mais aussi pour la quantité d’argent qui a été extraite de ses mines. Toute son histoire est liée à ce métal.

Cette ville, créée en 1545 suite à la découverte d’un filon d’argent sur le Cerro Rico a connu un tel essor qu’elle est devenue à la fin du 18ème siècle la cité la plus grande et la plus riche d’Amérique Latine. L’argent extrait de ses mines a financé l’économie espagnole durant plus de 2 siècles. Cependant, Potosi connaît une gloire de courte durée car ses réserves que l’on pense inépuisables diminuent au 19ème siècle. La baisse du court de l’argent en 1850 ne fait que renforcer le déclin de la ville.

Durant les deux siècles d’exploitation sous la couronne espagnole, plus de 8 000 000 d’Indiens et d’Africains auraient laissé leur vie dans la mine. En effet les conditions de travail au XVI siècle étaient effroyables. Par roulement de 12 heures, les esclaves indiens et noirs demeuraient sous terre 4 mois d’affilée, mangeant, dormant dans les mines. Ils devaient se bander les yeux lorsqu’ils sortaient des mines pour éviter qu’ils ne soient brûlés par le soleil.

Aujourd’hui, les mines du Cerro Rico sont encore exploitées et Potosi garde toujours les traces de la colonisation espagnole dans son architecture. C’est une ville très agréable, construite sur les flans de différentes collines, au pied du Cerro Rico.

La visite des mines coopératives (qui ne sont d’ailleurs coopératives que dans la distribution des galeries ! Si un hommedans_la_mine trouve un bon filon, il garde 80% de l’argent pour lui et le reste va au groupe de mineurs avec qui il travaille) est très impressionnante.

15 000 mineurs y travaillent, encore dans des conditions proches de celles de la colonisation. Le travail est fait à l’aide d’outils archaïques (pioches, pelles, brouettes, lampes frontales…), sans protection (un casque à la rigueur), à des températures pouvant bien aller sous la barre du zéro. Ils inspirent des gaz nocifs et meurent souvent de silicose après 10 ou 15 ans de travail dans la mine.


entr_e_mine

Leur journée débute par un passage au marché des mineurs où ils achètent dynamite, coca (feuilles) et boissons. Dès leur arrivée aux mines, ils font une offrande à un dieu auquel ils demandent protection.

Plus bas dans la mine on peut croiser une statue du « Tio », le diable à qui appartient le minerai extrait du cerro, puisque le domaine souterrain est le royaume du Diable (cependant ils préfèrent dire Tio , oncle en espagnol, que le diable) ! Les mineurs lui font donc des offrandes pour avoir sa protection, qu’il les aide à trouver le bon filon…

Ils travaillent ensuite durant 10 heures, sans manger autre chose que des feuilles de coca. Les uns percent la roche pour placer la dynamite, les autres déblayent les remblais vers la sortie avec des brouettes… Ils gagnent quotidiennement environ 100 bolivianos (parfois moins parfois plus), soient 10 euros.

mineur_et_diable




Chaque vendredi soir ils se réunissent autour de l’effigie du Tio : alcool versé devant la statue, feuilles de coca déposées, offrandes de cigarettes, dans sa bouche… et ils boivent en son honneur.

Ceux qui travaillent dans les raffineries ne sont pas mieux lotis car ils traitent les gravats extraits de la mine à l’aide de bains d’arsenic, de mercure ou de magnésium !




raffinerie



Malgré une législation stricte, les raffineries, au nombre de 36 dans Potosi, se trouvent au centre de la ville et rejettent leurs eaux usées sans être traitées !

Des conditions de travail digne du XVI siècle, une espérance de vie rapidement réduite, le travail des enfants (certains commencent à 12 ans), pour exporter du zinc, du plomb et le peu d’argent qui reste dans le Cerro Rico, montagne gruyère, qui fit jadis la gloire de Potosi.

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Commentaires
A
ce n'est pas très drôle... mais très angoissant sous terre dans des conditions pareilles!<br /> Les photos sont très réalistes et loin des belles couleurs des réalisations artisanales que l'on imagine en Bolivie?<br /> Merci de nous montrer la vraie vie de ces régions<br /> <br /> gros bisous
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